Abstract
Introduction
Le syndrome des antisynthétases (SAS) est une myopathie inflammatoire (MI) fréquemment associée à une pneumopathie infiltrante diffuse (PID) et différents auto-anticorps anti-ARNt-synthétases. Les mécanismes auto-immuns concourant au SAS sont actuellement mal compris. Récemment, l’infiltration des tissus cibles par des cellules natural killer (NK) a été rapportée. De plus, une diminution spécifique du nombre de cellules NK circulantes exprimant le récepteur activateur NCR3/NKp30 a été mise en évidence chez les patients actifs : elle se traduit par une baisse de fonctionnalité des cellules NK. Ceci suggère donc leur implication dans la pathogénicité du SAS. Chez certains patients atteints de néoplasie, une diminution de NCR3/NKp30 a également été rapportée et corrélée avec une expression anormale des ligands de ce récepteur, dénommés B7-H6 et BAT3. Ces deux molécules de stress sont également exprimés et/ou sécrétées par les monocytes/macrophages. Dans la présente étude, nous avons évalué l’impact possible des formes solubles de B7-H6 et BAT3 au cours du SAS.
Patients et méthodes
De 2013 à 2016, 53 patients recevant ou non un traitement spécifique ont été inclus (15 hommes = 28 % ; âge médian 48 ans, extrêmes 18–77 ; dont 40 présentant un anticorps anti-Jo-1 = 75 %) et regroupés selon caractère actif (n = 27, 51 %) ou inactif (n = 26, 49 %) de la maladie. Ces patients ont été comparés à 17 sujets sains (2 hommes = 12 % ; âge médian 29, extrêmes 22-44) et 20 patients présentant une MI active mais non associée à des anticorps anti-ARNt-synthétases. (8 hommes = 40 % ; âge médian 48, extrêmes 25–78 ; incluant 12 dermatomyosites = 60 %, 7 myopathies nécrosantes auto-immunes = 35 % et 1 MI de chevauchement = 5 %). Les taux sériques d’interleukine (IL)-2 & IL-15 ont été quantifiés par test Elisa (R&D systems) tout comme les taux solubles de BAT3 (sBAT3) et B7-H6 (EIAab & Cusabio, respectivement). Les tests statistiques appropriés étaient considérés comme significatifs lorsque p < 0,05.
Résultats
Alors que la concentration sérique médiane de sB7-H6 était similaire chez les patients et les contrôles, les titres de sBAT3 étaient significativement augmentés chez les patients avec SAS (250 vs. 134 pg/mL, p = 0,0002). De plus, sBAT3 corrélait avec l’activité du SAS : la concentration médiane de sBAT3 atteignant 340 pg/mL chez les patients actifs vs. 160 pg/mL chez les inactifs (p < 0,0001). Par ailleurs, pour les patients actifs bénéficiant d’un second dosage longitudinal, une diminution de sBAT3 était constatée sous traitement (de 472 à 259 pg/mL, p = 0,06) était constatée 5/6 fois (83 %). L’augmentation de sBAT3 était très spécifique du SAS, puisque retrouvée supérieure à deux fois la norme seulement chez 1/20 patients (5 %) avec MI active non associée aux anti-ARNt-synthétases (concentration médiane = 178 pg/mL, p < 0,0001). Les mécanismes résultant en une augmentation de sBAT3 restent inconnus mais sBAT3 ne corrélait pas avec les concentrations sériques des cytokines pro-inflammatoires IL2 et IL15.
Conclusion
L’augmentation significative et spécifique de sBAT3 chez les patients avec SAS actif et sa diminution sous traitement suggèrent que cette molécule de stress soit impliquée dans la pathogénicité du SAS et puisse être considérée comme un biomarqueur de la maladie.